mardi 7 juillet 2009

Corringe - A suivre


Michel Corringe... encore un grand oublié de la variété verdâtre chère à Nino Ferrer. Pas commercial, le Michel. Après avoir cartonné avec La Route, il n'en fait qu'à sa tête, et produit des disques sans succès, outre un succès d'estime, mais qui lassera sa compagnie de disque (comme on disait à l'époque). Pauvre gars incapable de transformer l'essai, trop free, trop alcolo sans doute et bien trop intègre certainement :

Grand fêteur grand buveur
Disaient de moi mes amis
Vous qui aviez tant de gueule
Je ne vous entends je suis seul

Ca vous rappelle pas Just Like Tom Thumbs' Blues de Dylan ? Moi si.

Mais Corringe c'est la classe. Jamais reédité/masterisé/marketisé, et pour cause, il aurait détruit tous les masters de ses albums. Si la légende est plus belle que la vérité, hein, comme disait Liberty Valance... Magic Records vient de reéditer son 1er album (avec La Route, de loin pas le meilleur, et il manque La Douce, et la pochette est à chier, zéro livret, mais bon...), tout espoir n'est pas perdu ? Y'a pas quelqu'un, quelque part qui comprenne ? Qui pourrait fouiller dans ce qui reste des archives de RCA pour retrouver des bandes ?

En attendant, voici A Suivre. Sorti en pleine période punk (1977, pour les djeuns), c'est quelque part l'aboutissement. De bons musiciens (le pianiste, wouh...), de bien belles chansons (à part le discoïde Révolté, qui cède aux sirènes de l'époque, mais enfin quoi, Corringe disco ! Y'avait un Directeur Artistique dans le studio ?), toujours un peu désuètes (liberté, libeeertééé !!!), mais c'est un peu facile de qualifier tout ça de désuet, quand on est blasé et que le-président-dont-on-ne-doit-pas-dire-le-nom est en train de flinguer ce qui l'en reste, de libertés....

Après ça sortira un Tatouages un peu sirupeux, et puis Corringe épatera son monde avec un album limite punk, genre je casse mon image (J'ai peur j'ai mal mais je t'aime, mais je l'ai pas retrouvé alors...), un album limite bof (Aldebaran) et puis plus rien. Jusqu'en 1997 où il sortira Phenix, mélange de vieux morceaux remis au goût du jour avec des potes du coin (l'arrangement de La Route avec son synthé à trois balles est infect, mais J'ai tant rêvé de toi au piano est superbe) et de nouvelles compos, euh... sur lesquelles on jettera gentiment un voile pudique. Quelques concerts dans des fêtes de village, d'autres annulés ou plantés (trop bourré) et puis un petit cancer et basta. Salut l'artiste. Dommage, quand un Sardou continue de dégueuler ses merdes impunément.

Voilà voilà... Cet album, A Suivre, qu'est-ce que j'ai pu l'écouter quand j'étais ado... Prêtez une oreille indulgente quand ça part trop beatnick, et profitez du reste. Des arrangements du tonnerre (l'intro d'Ecce Homo, on dirait du Zappa...). En tout cas ça c'est de l'intégrité, je persiste. Pas de compromis. Profitez, téléchargez, diffusez.

Des fois que l'industrie du disque retrouve des bandes et se décide à le reéditer... on sait jamais.

Bravo et merci, Michel